De façon spontanée, nous sommes désireux d’avoir toujours plus et toujours mieux, et ce indépendamment du fait que l’augmentation de confort apportée par le nouvel objet désiré est parfois presque insignifiante. Les exemples de cela pleuvent: il faut changer nos télés, nos lecteurs numériques, notre collection de films, nos téléphones cellulaires, nos ordinateurs, etc., et ce à chaque fois qu’il y a une petite amélioration technologique. Il faut que chaque personne ait une auto. Il faut un objet différent pour chaque utilisation: des verres à vin, des verres à bières, des tasses de café, des tasses de thé, des enlève-cœur, des couteaux à fromage, des cuillères à pamplemousses, etc. Il faut des meubles design et des vêtements à la mode. Tous ces désirs amènent la nécessité de produire toujours de plus en plus d’objets qui vont tous finir au dépotoir parce qu’ils seront désuets ou démodés.
Cependant, cette tendance naturelle, loin d’être éduquée, est plutôt exacerbée par la société de consommation issue de la libre-entreprise. D’abord, en effet, pour maximiser le profit, il est préférable que les objets soient peu durables (réfrigérateurs, souliers, jouets; l’idéal étant les objets jetables: vaisselle, couches, sacs, etc.) et il est bon d’encourager les gens à jeter les objets encore utilisables (vêtements, ordinateurs, autos, etc.). Ainsi, grâce à ces moyens, on produit d’autres objets et cela est bon pour l’entreprise. Or, la publicité est un moyen extraordinairement efficace d’exacerber nos désirs de manière à nous faire consommer. En effet, en montrant la hausse de qualité de vie fournie par l’objet jetable (mais jamais les conséquences environnementales) on se trouve presque irrationnel de pas avoir cet objet. De même, en nous faisant sentir que nos objets sont démodés (mais jamais en soulignant que les conserver est bon pour l’environnement) on se trouve assez ridicules de les conserver. Bref, puisque les intérêts des entreprises vont dans le sens d’une production économique la plus haute possible, ils n’ont pas intérêt à nous enlever notre goût d’avoir toujours plus et toujours mieux.
Or, cette croissance constante de la production économique a au moins deux impacts environnementaux néfastes. Tout d’abord, la production d’objets nécessite une quantité phénoménale de ressources naturelles. Par exemple, si notre consommation de pâtes et papiers est plus rapide que la capacité de renouvellement, les arbres peuvent de moins en moins jouer leur rôle de producteurs d’oxygène, ce qui risque de nous affecter. De même, si notre consommation d’espèces animales est plus grande que leur capacité de renouvellement, alors les écosystèmes seront de plus en plus modifiés. Il est difficile d’imaginer les répercussions que cela pourrait avoir sur nous mais, sachant que les interactions de la nature sont immenses, il n’est peut-être pas prudent de modifier ces écosystèmes. De plus, d’autres ressources sont en quantités limitées, comme les métaux lourds dans les batteries, ou encore le pétrole. Le jour où nous n’aurons plus de pétrole sera assez pénible compte tenu de la grande diversité des utilisations que nous en faisons (des plastiques aux engrais en passant par les produits de beauté, etc.). À terme, on peut dire que, sans ressources naturelles, nous serons proches de l’extinction. Bref, plus nous consommons et moins notre espèce peut perdurer longtemps.
Ensuite, la production effrénée de produits nécessite une quantité phénoménale d’énergie. Or, produire de l’énergie a pour conséquence directe de créer de la pollution. Brûler du charbon, de l’essence ou du gaz naturel pollue l’air; les déchets radioactifs polluent le sol (sans compter que l’uranium est limité), l’hydroélectricité pollue aussi l’air par les émissions de méthane des réservoirs (sans compter les changements d’écosystèmes), etc. De plus, la production des objets produit aussi directement de la pollution par le fonctionnement des usines (autant l’air et l’eau que le sol). Ensuite, la distribution de ces produits à travers le monde implique aussi une pollution. Enfin, quand on jette ces objets au dépotoir, cela contribue aussi à la pollution des sols et des eaux (en particulier les dépotoirs de produits électroniques, à cause de tous les métaux lourds qu’ils contiennent). En résumé, la croissance économique entraînée par nos valeurs matérialistes implique beaucoup de problèmes de pollution et une utilisation dangereusement rapide des ressources naturelles. (Il faut noter que la croissance économique vient aussi de la croissance de la population, ce qui est également un problème.)