À ce stade-ci, il faut généraliser nos conclusions. Quand est-il légitime de généraliser une observation quelconque? Lorsque notre observation appartient à l’essence de l’objet. Par exemple, je peux prendre un triangle quelconque et calculer la valeur de ses angles. Ainsi, je peux calculer que la somme des angles du triangle est de 180 degrés. Je n’ai pas besoin de refaire l’expérience sur tous les triangles pour être assuré que cela soit généralisable. En effet, il appartient à la nature même du triangle que cela soit vrai. Je peux donc le généraliser.
Quelle est l’essence de la peur? C’est d’être un état affectif. Qu’est-ce qu’un état affectif? C’est un signal, positif ou négatif, qui est produit par notre organisme afin de nous aider à savoir comment agir face au monde qui nous entoure. En d’autres mots, ces signaux ont pour but de nous aider à déterminer si les objets autour de nous sont bons ou mauvais pour nous. Toutes les émotions (jalousie, amour, haine, tristesse, etc.) sont des états affectifs. De plus, les signaux physiologiques (faim, soif, froid, fatigue, douleur, etc.) sont aussi des états affectifs. Enfin, les humeurs (anxiété, dépression, etc.) sont aussi des états affectifs.
Je crois que l’observation que j’ai menée au sujet de la peur se généralise à tous les états affectifs car c’était une observation basée sur l’essence même des états affectifs. Effectivement, mon analyse de la peur ne dépend que de trois éléments: l’entrée, les instructions et les besoins innés. Or, ces trois éléments sont si généraux qu’il est impossible qu’un état affectif quelconque ne les contienne pas. De fait, en enlever un seul ferait que l’état ne pourrait même pas être produit. Ainsi, sans entrée, il ne peut pas y avoir d’état car l’entrée est la cause initiale de l’état. Reprenons l’exemple de la distributrice de boissons: s’il n’y a pas le dollar initial, il ne peut pas y avoir de boisson. De plus, sans instruction, il ne peut pas non plus y avoir d’état car l’instruction est la consigne quant à la façon de traiter l’entrée. Si personne n’appuie sur un bouton, il n’y a pas non plus de boisson. Enfin, sans besoin inné, il ne peut pas y avoir d’état car c’est la raison ultime de la direction que prennent les instructions (si une entrée favorise un besoin, il faut produire un état positif, alors que si une entrée nuit à un besoin, il faut produire un état négatif). L’instruction n’existe que dans la mesure où elle permet de servir un besoin inné. Par rapport à la distributrice de boisson, si personne n’a de raison de vouloir une boisson, il n’y aura personne pour appuyer sur un bouton, et il n’y aura donc pas de boisson. Bref, je crois que l’on peut généraliser à tous les états affectifs ce que l’on a observé au sujet de la peur. En effet, tous ces états sont des signaux de notre organisme qui nous aident à savoir quoi penser du monde qui nous entoure.