En général, quand on retire du plaisir d’une activité, on a tendance à vouloir la répéter. Un bon moyen de donner le goût d’apprendre à nos enfants est donc d’apprendre en ayant du plaisir. Or, comme je l’ai déjà dit (no.23), le plaisir est l’état qui provient de la satisfaction des besoins. Par conséquent, réussir à donner à nos enfants le goût d’apprendre implique que, en apprenant, ils ressentent le plaisir provenant de la satisfaction de leurs besoins. Il résulte de tout cela qu’une bonne compréhension des besoins est nécessaire pour valoriser l’éducation. Voyons trois exemples de cela. D’abord, la curiosité est un besoin naturel mais, comme nous l’avons vu (no.22), ce besoin est moins fort que les besoins d’attachement. Par conséquent, il faut que les parents fassent sentir à leur enfant qu’être intellectuel est une bonne chose. Comment? Simplement en cherchant dans le dictionnaire quand on entend un mot inconnu, en consultant des encyclopédies en réponse à des questions que l’on se pose, etc. Bref, il faut que le modèle auquel les enfants aspirent ne soit pas en contradiction avec leur goût naturel d’apprendre. En entretenant cette curiosité, les enfants seront bien plus motivés à l’école.
Cependant, il faut comprendre que l’intégration d’un modèle présuppose une relation d’admiration. En effet, comme je l’ai dit (no.59), les enfants veulent être admirés par ceux qu’ils admirent. Or, pour les enfants, être admiré veut dire être comme leur modèle, c’est-à-dire posséder le savoir et les capacités que leur modèle possède. Par conséquent, en tant que parent ou professeur, il faut susciter l’admiration chez les enfants afin de donner le goût d’être conforme au modèle. Comment? Pour les parents, c’est facile car les enfants admirent spontanément leurs parents. Pour les profs, susciter l’admiration est plus compliqué. Ça implique d’abord savoir de quoi on parle, mais aussi faire preuve d’humilité (on peut admettre que l’on s’est trompé, admettre que l’on ignore quelque chose, etc.). Ça implique de démontrer des qualités particulières selon le contexte. Par exemple, être admiré implique être sévère pour ceux qui ont besoin de sévérité mais souple pour ceux qui ont besoin de souplesse; drôle pour les uns mais sérieux pour les autres, etc. En résumé, comme prof, il faut bien comprendre les subtilités des relations pour pouvoir amener les élèves à ressentir l’admiration qui fait de nous des modèles. Bref, pouvoir donner le goût d’apprendre (autant en général que dans un cours particulier) implique comprendre les mécanismes de l’admiration.
Enfin, le goût d’apprendre est (comme beaucoup d’autres intérêts humains) soumis au besoin de se sentir compétent. En effet, le besoin de se sentir compétent est primordial chez l’être humain. En général, on aime une activité si et seulement si on y trouve un sentiment de compétence. Cependant, pour obtenir une satisfaction, l’activité doit être juste au bon niveau de difficulté. Ainsi, il est rare de voir quelqu’un qui aime faire des mots croisés alors qu’il ne réussit jamais à trouver des mots mais il est aussi rare de voir un adulte qui trouve de la satisfaction à jouer au tic-tac-to. Par conséquent, la relation pédagogique (autant parentale que scolaire) doit miser sur la possibilité pour les enfants de vivre des petits succès. Cependant, il ne faut pas oublier que, si l’enfant ne trouve pas de défi, il sera aussi démotivé. En résumé, pour préserver leur goût d’apprendre, il faut que les éducateurs soient à l’affût de leurs élèves et qu’ils s’organisent pour préserver leur goût d’apprendre.