J’ai défendu que les actions que l’on pose sont motivées par les émotions que nous ressentons. En effet, j’agis toujours en fonction de mon émotion la plus forte. Or, j’ai aussi défendu que nos émotions sont produites en fonction des expériences que nous avons vécues. De fait, nos émotions sont comme la mémoire de notre organisme quant aux effets plaisants ou déplaisants des objets avec lesquels nous avons eu des expériences. Par exemple, si une personne se moque toujours de moi, cet effet déplaisant sera mémorisé par mon organisme et, la prochaine fois que je vais voir cette personne, mes émotions vont me conseiller de la fuir. À ce moment, si cette émotion est la plus forte, je vais effectivement fuir.

Maintenant, supposons qu’il faille que, pour une raison quelconque, j’arrête de fuir. Comment cela pourrait-il se produire? Nécessairement, il faudra que l’émotion qui me conseille de fuir ne soit plus la plus forte. Comment cela pourrait-il arriver? Il faut soit que l’émotion de fuite devienne moins forte, soit que l’émotion de résistance devienne plus forte. Comment cela pourrait-il se produire? Dans tous les cas, il faudra que je vive certaines expériences qui vont faire changer ces émotions. Par exemple, si la personne arrête de se moquer de moi, l’émotion m’incitant à fuir aura tendance à diminuer. (Il est cependant remarquable que les expériences négatives marquent facilement. Par la suite, il faut beaucoup d’expériences positives pour enrayer le traumatisme initial. On pourrait dire que nous sommes prudents par nature.) De l’autre côté, si j’ai trouvé une bonne façon de lui clouer le bec, l’émotion m’incitant à résister sera intensifiée. Dans les deux cas, les expériences vécues auront pour effet de changer le rapport de force entre mes émotions initiales et me mèneront à modifier mon comportement de fuite. En résumé, dans tous les cas, il faut vivre certaines expériences pour pouvoir modifier sa façon d’agir.

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