Quand on a peur, cela ne vient pas de nulle part. La peur est une réaction à quelque chose. Quand j’ai peur d’une araignée, par exemple, je réagis au stimulus de l’araignée provenant de mes yeux. Quand j’ai peur de couler un examen, je réagis à une pensée que j’ai eue. Dans tous les cas, il s’agit d’une information que ma conscience a reçue qui est la cause de mon émotion de peur. L’information peut provenir de l’extérieur de mon organisme (l’araignée) ou de l’intérieur de mon organisme (la pensée), peu importe. Mais il doit y avoir une telle information, que j’appelle une entrée, afin qu’il y ait une réaction de peur.

Est-il possible d’imaginer que la peur puisse se déclencher sans entrée d’information? Sans doute est-ce théoriquement possible, de la même façon que si on frappe un nerf, cela peut provoquer un réflexe. Mais la peur est un état autrement plus complexe qu’un simple mouvement. Cet état implique une activation précise d’une certaine configuration de neurones. Or, il doit être assez rare qu’une configuration neuronale aussi complexe se produise spontanément. En fait, si on a l’impression qu’un certain épisode de peur se déclenche sans entrée, c’est probablement parce que l’on n’a pas pris conscience de cette entrée. Dans ce cas, on ressent la peur et, comme elle semble venir de nulle part, cela nous apeure encore plus, à la façon d’une boucle de feed-back. C’est sans doute ce qui se produit dans ce que l’on nomme habituellement des épisodes d’angoisse. En résumé, il semble que, de façon pratique, la peur soit toujours une réaction à une entrée.

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