D’un point de vue individuel, les expériences que nous vivons sont de nature à sculpter une hiérarchie plus ou moins permanente dans nos besoins. Cependant, de tels événements sont aussi de nature à démontrer quels besoins sont plus importants de façon générale. Par exemple, supposons une famille qui a tendance à dénigrer toute forme d’intellectualité, et ce de façon très catégorique. L’enfant (qui est naturellement curieux) qui grandit dans cette famille aura tôt fait d’intégrer cette valeur. Il va fort probablement lui aussi devenir une personne qui méprise l’intellectualité, et notamment la curiosité intellectuelle. Comment comprendre cela? Au fond, c’est comme si l’enfant devait choisir entre obtenir l’approbation de sa famille et assouvir sa curiosité et qu’il avait choisi l’approbation de sa famille. Autrement dit, son besoin d’attachement a été plus fort que son besoin d’exploration. On peut donc voir que cet ensemble d’expériences a contribué à former une hiérarchie personnelle de besoins. (Par ailleurs, on peut penser que les exemples de besoins plus forts du point précédent répondaient au même principe.)

Cependant, le point central est que ce type d’expérience démontre une certaine hiérarchie générale. Effectivement, le fait est que dans des situations où les liens avec les êtres humains significatifs sont menacés, on a beaucoup plus tendance à choisir de préserver les liens humains, et ce peu importe les conséquences. Or, cette prépondérance générale témoigne nécessairement d’une hiérarchie générale. En effet, puisque les besoins d’attachement sortent généralement gagnants de combats avec les autres besoins, on peut penser qu’ils sont plus importants de façon générale. Si cela est vrai, il devient aisé d’expliquer l’expérience de l’enfant élevé dans une famille anti-intellectuelle. Bref, on peut penser que, de façon générale, les besoins d’attachement sont probablement les plus importants.

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